Le Pré de Bejine Бежин луг

Un film rescapé

URSS / Mosfilm  1937 30mn  N&B
Sergueï Eisenstein
avec Victor Kartachov, Boris Zakhava…

La lutte des classes ravage les campagnes en ce début des années 30. Le jeune Stepok, à la pointe des combats, défie son père, incarnation du patriarche de l’ancien régime. Le fils dénonce le père, le père tue le fils. Un drame biblique d’une rare ampleur.

Sans cesse remanié, aussitôt terminé, aussitôt interdit. Cette vision de la collectivisation déplaît en haut lieu. L’unique copie périt lors d’un bombardement de Moscou en 1941. Film outragé, film mutilé mais film retrouvé. A partir de fragments récupérés dans les années 60, une reconstitution est proposée. En somme, ce film martyr symbolise la bêtise d’une censure autoritaire, subie par Eisenstein et tant d’autres artistes russes et soviétiques.

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Le Pré de Béjine (1937) est un film qui n’a jamais existé. Le tournage a été compliqué et interrompu à plusieurs reprises. La production entreprise en 1935 est stoppée en 1937, le film interdit par la censure et le négatif détruit. Un membre de l’équipe d’Eisenstein avait découpé des photogrammes de chaque plan avant la mise sous séquestre de l’unique copie existante du film. Dans les années 1960, le film a été remonté en plans « fixes », à partir des notes du cinéaste, par Naoum Kleiman qui fut l’un de ses élèves. La Cinémathèque de Toulouse conserve une copie très rare de ce montage, les traces en quelque sorte d’un « film fantôme »…

Lorsque le film a été remonté dans les années 1960, cette version – qui est certainement très loin du film que Sergueï M. Eisenstein souhaitait réaliser (Le Pré de Béjine devait être le premier film parlant du cinéaste…) – a circulé avec une musique de Prokofiev. Ce n’était pas une composition originale mais une musique préexistante du compositeur qui avait été choisie pour accompagner les photogrammes retrouvés… La Cinémathèque a provoqué une nouvelle rencontre entre cet objet cinématographique, à la fois très rare et très étrange, et un musicien : Mathieu Régnault, excellent pianiste, a composé pour l’occasion pour son orchestre virtuel, ce qui donne une ampleur incroyable aux images, et quelles images ! C’est d’une beauté à couper le souffle. 

Franck Loiret, directeur délégué de la Cinémathèque de Toulouse
 

Nicotine Никотин

Un hommage à Godard

Russie / Lenfilm-Salamat Tsentr 1993  1h07  N&B
Evgueni Ivanov avec Natalia Fisson, Igor Tchernevitch, Oleg Kovalov…

Une histoire vieille comme le monde : un gars rencontre une fille, elle le trahit, etc. Film-miroir, film intellectuel, hommage à Jean-Luc Godard et à son manifeste A bout de souffle. La trame narrative reprend l’histoire transposée dans un Saint-Pétersbourg post-soviétique. Cours, camarade – les Soviets bougent encore.

Le film bénéficie de la scène underground du Léningrad de la Perestroïka. Presque trente ans avant le brillant Leto de Kirill Serebrennikov, une vision décalée et originale, tournée vers l’avant-garde d’hier.
 

La Cinémathèque de Toulouse et le cinéma russe

Actuellement présidée par l’actrice, scénariste et réalisatrice Agnès Jaoui, la Cinémathèque de Toulouse est l’un des principaux lieux de conservation et de diffusion du patrimoine cinématographique en France. Elle a été fondée en 1964 par Raymond Borde, historien et critique de cinéma, animateur du Ciné-club de Toulouse dans les années 1950. Dotée de deux salles – bientôt trois –, d’une riche bibliothèque et d’un espace d’exposition dans le centre historique de la ville, la Cinémathèque est un acteur essentiel de la vie culturelle toulousaine. Hors les murs, elle rayonne grâce à sa présence régulière dans de nombreux festivals, scènes nationales et lieux de programmation de films, en France et à l’étranger. Parmi les trésors conservés dans son Centre de conservation et de recherche, situé dans la ville de Balma, proche de Toulouse, plus de 57 000 copies argentiques, 100 000 affiches et 500 000 photographies de cinéma. Les collections se sont constituées grâce aux offices du cinéma éducateur et aux projectionnistes itinérants et se sont progressivement enrichies grâce aux dépôts et aux dons de distributeurs, producteurs, réalisateurs, collectionneurs et cinéastes amateurs.

La Cinémathèque de Toulouse conserve un des fonds de cinéma russe et soviétique les plus importants à l’ouest de Moscou. On peut même dire que cela fait partie de son identité. Riche d’environ 500 titres, ce fonds couvre l’ensemble du XXe siècle, de la fin du cinéma tsariste aux années 1970. Depuis 1965, la Cinémathèque a noué des relations d’amitié et de confiance avec le Gosfilmofond à Moscou. Ces liens privilégiés entre les deux cinémathèques ont permis de nombreux échanges de copies.

lacinemathequedetoulouse.com

Deux films rares, en partenariat avec la Cinémathèque de Toulouse
 

Possibilité d'acheter les billets en avance sur place ou par internet www.cinemabalzac.com

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